Contexte d'exercice des médias au Nicaragua
Cette page présente de manière succincte le pays, son paysage médiatique, ses autorités de régulations, les différentes organisations professionnelles du secteur et les associations de représentation ou de défense des journalistes, le niveau de liberté de la presse, ses médias publics et ses principaux groupes de presse.
Vue générale
: Le Nicaragua est un Etat d'Amérique centrale bordé par le Honduras et le Costa Rica. Le pays possède aussi deux façades maritimes sur l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes. Ca capitale est Managua. Le pays couvre un superficie de près de 130.000 km² et compte une population de 6,2 millions d'habitants. Le Nicaragua a acquis son indépendance de l'Espagne en 1821. La langue officielle est l'espagnol. Le pays a connu une relation particulière avec les Etats-Unis. Il est notamment tombé sous la coupe de United Fruit à partir de 1855 avant d'être occupé par les Etats-Unis de 1912 à 1925. Le Nicaragua sera ensuite dirigé par la dynastie des Samoza. Leur régime est progressivement contesté par l'opposition de gauche autour du Front sandiniste de libération national et de l'opposition conservatrice autour de la famille Chamorro et de leur journal La Prensa. Après le départ des Samoza en 1980, le pays plonge dans une guerre civile opposant sandiniste et Contras. Le pays retrouve la démocratie en 1990. La présidentielle de 1990 voit l'élection de Violeta Chamoro, celle de 1996 du samoziste Arnoldo Alemán et celles de 2006, de 2011 et de 2016 de Daniel Ortega. En 2018, des manifestations contre une réforme de la sécurité sociale dégénèrent en mouvement d'opposition après une violente répression par le pouvoir.
Paysage médiatique
: Le Nicaragua compte de nombreux médias dans les domaines de la presse écrite et de l'audiovisuel. La presse écrite comprend plusieurs journaux présentants diverses opinions politiques allant de celles proches du pouvoir à celles de l'opposition. Les éditeurs de journaux, principalement ceux de l'opposition, sont néanmoins confrontés à l'application de la loi Arce de 2005 qui impose des droits de douane élevés sur les matériels d’impression importés tels que l’encre et le papier, ce qui étouffe le journalisme indépendant. Dans le même temps la presse proche du pouvoir profite d'un régime préférentiel. Le pays compte une centaine de stations de radio, qui constituent la principale source d’information de la population. La télévision est par ailleurs dominée par deux groupes qui contrôlent huit des neuf stations gratuites et qui sont généralement considérés comme alignés sur les position du FSLN (Frente Sandinista de Liberación Nacional). Cette concentration des médias à pour conséquence la détérioration de la qualité de l’information et du débat public au profit de la propagande du pouvoir. Il n'existe pas de restrictions particulières sur Internet qui est accéssible par plus de 20% de la population. Malgré un taux de pénétration relativement faible, Internet a eu un impact significatif sur le paysage médiatique. L'utilisation des médias sociaux s'est particulièrement développé ces dernières années et Internet devient l'une des principales sources d'information des Nicaraguyens. En 2015, le gouvernement d'Ortega a tenté d'imposer un contrôle total sur les médias en ligne avec un projet de loi qui aurait dirigé les utilisateurs d'Internet vers des sources d'information approuvées. Le projet a néanmoins échoué devant la levée de boucliers de la société civile. Par ailleurs, l'administration Ortega oriente l'important budget publicitaire de l'Etat vers les médias proches du pouvoir.
Autorité de régulation:
: L'organisme de régulation des médias audiovisuels nicaraguayens est le TELCOR (Instituto Nicaragüense de Telecomunicaciones y Correos). Cet organisme gère également les systèmes de télécommunications et le service postal du pays. Il est la cible de nombreuses critiques liées à l'opacité du processus d'octroi de licences. Le moratoire en vigueur sur la délivrance de nouvelles licences de radiodiffusion lors de la révision législative de la loi générale sur les télécommunications a notamment permi au gouvernement d'obtenir des licences pour des services de télévision par satellite.
Organisations professionnelles
: Il existe au Nicaragua plusieurs associations professionnelles liées à la défense des intérêts des journalistes et des médias. On peut notamment citer l'APN (Asociación de Periodistas de Nicaragua) ou le CINCO (Centro de Investigación de la Comunicación). Ces deux associations défendent également le journalisme d'investigation et la liberté d'expression.
Liberté de la presse
: Bien que la constitution nicaraguayenne prévoit la liberté de la presse, le gouvernement impose en pratique des contraintes à la capacité des médias d'informer le public. La baisse des procédures judiciaires à l'encontre de la presse serait dûe à un phénomène d'autocensure des journalistes lié à la crainte de représailles économiques et physiques. Par ailleurs, la presse indépendante et d'opposition est en première ligne face aux attaques contre les médias. D'autre part, la Constitution du Nicaragua ne tolère officiellement que les critiques "constructives". Cette terminologie vague permet au pouvoir de censurer et de limiter la liberté d’information. Dans son rapport 2017 sur la liberté de la presse, Freedom House classe le pays comme partiellement libre. Par ailleurs, le Nicaragua apparait à la 90e place dans le classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporter sans frontières qui estime que la presse est peu considérée.
Médias publics
: Les médias publics du pays dépendent de la présidence dans le cadre de la loi ECGRUN (Estrategia de Comunicacion del Gobierno de Reconciliacion y Unidad Nacional). Ils comprennent des médias audiovisuels constitués par le radiodiffuseur public Radio Nicaragua et la chaîne de télévision publique Canal 6.
Principaux groupes de presse
: Le Nicaragua compte quelques groupes de médias. Néanmoins deux d'entres eux dominent l'offre médiatique du pays. Il s'agit de Televisora Nicaraguense SA, sous contrôle de la famille du président Ortega, elle possède notamment trois chaînes de télévision et une douzaine de société de diffusion. La famille Ortega a égalemant la main mise sur la chaine publique Canal 6. Par ailleurs, le parti au pouvoir possède également quatre stations de radio, tandis que le président du FSLN contrôle des sites d’information tels que El 19 Digital et Nicaragua Triunfa. L'autre groupe du pays est Ratensa Comunicaciones qui appartient à l'homme d'affaires mexicain Remigio Ángel González. Ce dernier dirige le groupe Albavisión qui possède de nombreuses stations de radio et de chaines de télévision dans une quinzaine d'Etats d'Amerique latine. Dans une moindre mesure, on peut également cité la famille Chamoro qui dirige toujours le journal La Prensa.
Derniers faits marquants pour le Nicaragua
Retrouvez une chronologie des derniers faits marquants de l'actualité nicaraguayenne traités par les médias internationaux. Les évènements listés ne sont pas exhaustifs. Pour plus de détails, consultez les sources d'informations des onglets "médias".
⊛ 13-02-2022 | Mort d'Hugo Torres - Ancien héros de la guérilla sandiniste, Hugo Torres est mort en prison à 73 ans. Cet opposant d'Ortega avait été arrêté en juin 2021. Il était vice-président d'Unamos, un courant dissident du parti sandiniste. Il avait été l'un des acteurs de premier plan dans la lutte contre la dictature de Somoza.
⊛ 05-02-2022 | Condamnations d'opposants - Les condamnations d'opposants détenus depuis la présidentielle se poursuivent. Six opposants ont été condamné ce mois-ci dont Miguel Mora. Il a été condamné pour atteinte à l’intégrité nationale. Le journaliste et ancien candidat à la présidence dénonçait la répression contre l'opposition.
⊛ 30-12-2021 | Tensions avec Taïwan - Les autorités ont saisi l'ancienne ambassade de Taïwan et plusieurs de ses bureaux diplomatiques. Les diplomates taïwanais ont quitté le pays mais dénoncent l'occupation illégale de leurs locaux. Managua avait rompu les relations avec Taïwan le 10 décembre dernier au profit de la Chine.
⊛ 15-12-2021 | Rupture avec Taïwan - Après avoir rompu ses relations diplomatiques avec Taïwan, Managua abroge les accords commerciaux avec l'île. Ces accords permettaient pourtant d'exporter de nombreux produits de la filière agricole. Les échanges seront redirigés vers la Chine continentale qui s'est engagé a en doubler les volumes.
⊛ 10-12-2021 | Abandon de Taïwan - Ortega lâche Taïwan et reconnaît une seule Chine dirigée par Pékin. Cela aura peu d'effet pour Taipei. Le pays s'était rapproché de Taïwan dans les années 1990 sous le gouvernement de Violeta Chamorro. Le nombre de pays reconnaissant désormais l'île démocratique est réduit à quatorze.
⊛ 20-11-2021 | Le pays quitte l'OEA - Le pays demande à sortir de l'OEA après que l'organisation a affirmé que les élections dans le pays avaient été antidémocratiques. Les principaux adversaires d'Ortega ont été arrêtés avant le scrutin. Le pays risquait d'être suspendus par l'organisation. Le Vénézuela a fait de même en 2019.
⊛ 13-11-2021 | Manque de légitimité - L'Organisation des États américains estime que la présidentielle qui a vu la réélection d'Ortega n'avait pas de légitimité et que les institutions démocratiques du pays avaient été sapées. Pour l'OEA, les élections n'ont été ni libres, ni équitables, ni transparentes. Ortega a été rélu pour un 4e mandat.
⊛ 09-11-2021 | Critiques de l'étranger - Après sa réélection à près de 76% à un scrutin boycotté, Daniel Ortega, a affronté un déluge de critiques de la communauté internationale. Washington menace Managua de nouvelles sanctions. L'élection est considérée sans légitimité après les arrestations de 39 opposants de 1er plan.
⊛ 08-11-2021 | Ortéga réélu - Le tribunal électoral crédite Daniel Ortega de 75% des suffrages et le désigne sans surprise vainqueur d'une élection présidentielle jugée par l'opposition et à l'étranger comme une vaste farce. Un observatoire proche de l'opposition, Urnas Abiertas, donnait un taux d'abstention de 81,5%.
⊛ 07-11-2021 | Election jouée d'avance - La présidentielle intervient alors que le régime de Daniel Ortega a bâillonné l’opposition, incarcéré six candidats et verrouillé le scrutin. La répression a éteint la révolte populaire. Les opposants espèrent une abstention massive et appellent à l’aide la communauté internationale.
⊛ 25-10-2021 | Contrôle du pouvoir - Daniel Ortega est certain d'emporter la présidentielle à venir après l'arrestation cet été de sept candidats à la présidence opposés au régime, dont la très populaire Cristiana Chamorro.
⊛ 10-09-2021 | Arrestation de Sergio Ramirez - Le régime ordonne l’arrestation de l’écrivain Sergio Ramirez. Ancien allié de Daniel Ortega dans la lutte contre la dictature de Somoza, l'opposant est aujourd'hui accusé de conspiration.